Nous essayerons dans ce travail de mettre en rapport les approches de Merleau-Ponty et de quelques auteurs dits ´ analytiques ª quant au problËme de la valeur des capacitÈs cognitives humaines, dans la mesure o˘ celles-ci ne sont pas considÈrÈes comme des conditions de la ´ connaissance en gÈnÈral ª mais comme des capacitÈs contingentes et non universelles. En d?autres mots, il s?agit de savoir si le fait d?avoir de telles capacitÈs, qui peuvent Ítre comparÈes avec d?autres formes (rÈelles ou possibles) de connaÓtre le monde, entraÓne des consÈquences relativistes, voire sceptiques. D?abord, nous essayerons de rÈsumer briËvement la faÁon dont la question d?ensemble sur la fiabilitÈ de nos capacitÈs cognitives a ÈtÈ posÈe par l?analyse de Patricia Smith Churchland sur ´ l?ÈpistÈmologie naturalisÈe ª. Nous verrons comment le naturalisme ÈpistÈmologique a poussÈ quelques auteurs (notamment, Alvin Plantinga et Thomas Nagel) ‡ remettre en question la fiabilitÈ qui peut Ítre attribuÈe, dans un cadre naturaliste, aux capacitÈs cognitives humaines, tandis que d?autres (tels que Jerry Fodor) ont essayÈ de revendiquer cette fiabilitÈ, mÍme dans un cadre naturaliste. Ensuite, nous introduirons le ´ positivisme phÈnomÈnologique ª merleau-pontien comme la thËse selon laquelle un doute semblable sur nos capacitÈs cognitives en tant que telles ne peut pas mÍme Ítre posÈ ; l?existence de fait de ces capacitÈs leur donne nÈcessairement une valeur pour nous. Pour dÈterminer l?originalitÈ de cette thËse merleau-pontienne, nous devrons la comparer avec la rÈponse que Husserl donne au dÈfi ´ relativiste sceptique ª qu?il trouve dans le psychologisme ; nous verrons donc que la position du phÈnomÈnologue franÁais n?est pas rÈductible ‡ ce que l?on trouve dans les Recherches logiques. L?Ètape suivante consistera ‡ reconstruire et ‡ Èvaluer les arguments spÈcifiques que Merleau-Ponty donne pour appuyer le ´ positivisme phÈnomÈnologique ª ; ainsi, nous verrons que l?auteur de la PhÈnomÈnologie de la perception semble considÈrer que la valeur de nos capacitÈs cognitives ne peut Ítre mise en question que depuis une position rÈaliste, ce qui, ‡ son tour, l?amËne ‡ argumenter qu?une interprÈtation rÈaliste des mots ´ vrai ª et ´ faux ª les rend impossibles ‡ appliquer. Il est possible de reconstruire un argument diffÈrent de Merleau-Ponty, ‡ savoir celui d?aprËs lequel une Èvaluation comparative de la valeur de nos capacitÈs cognitives serait impossible Ètant donnÈ le manque de contenu de l?idÈe mÍme d?une ´ pensÈe surhumaine ª.