L’histoire de la psychanalyse des enfants en Argentine remonte aux années trente, quand elle est entrée à l’Hospital de niños (Hôpital pour enfants) grâce à Arnaldo Rascovsky, qui réalisait des traitements à l’hypnose pour des problèmes d’obésité. Il a été l’un des membres fondateurs de l’Asociación Psicoanalítica Argentina – APA (Association argentine de psychanalyse), qui date de 1942. En ces temps-là, les psychanalystes de l’APA étaient issus des secteurs aisés et ils recrutaient leurs patients dans leur même milieu social ; leur affrontement avec les médecins et les psychiatres les excluait des milieux universitaires et hospitaliers. Cependant, dans les années soixante la psychanalyse a obtenu un certain prestige social et les psychanalystes ont pu commencer à s’intégrer au domaine de la santé. Mariano Plotkin a manifesté que l’introduction de la psychanalyse dans les services psychiatriques des hôpitaux publics a élargi le groupe de consommateurs potentiels des thérapies à orientation psychanalytique, ce qui a motivé l’adoption d’une manière psychanalytique de penser par les médecins et le public en général. Quant à la psychanalyse infantile, vers la fin de cette décennie et dans une grande partie des hôpitaux publics il y avait des équipes consacrées à cette spécialité. La divulgation, par la voie des médias, des théories sur les troubles chez les enfants et les méthodes d’éducation est devenue l’une des caractéristiques les plus remarquables de cette décennie. L’un des espaces où a été fait un travail important en matière de psychanalyse infantile c’est l’Hospicio de las Mercedes, et plus précisément sa Sala Juvenil (Salle Juvénile) en charge de Enrique Pichon Rivière. Sous sa surveillance, sa femme Arminda Aberastury, psychanalyste non médecin appartenant à l’APA, a commencé à exercer sa profession dans son cabinet privé et, plus tard, dans cette salle de l’hospice. C’est elle qui a introduit en Argentine les théories de Melanie Klein, à travers son séminaire à l’Institut de Psychanalyse, la traduction de l’œuvre de celle-ci et l’organisation du Premier Symposium destiné à la « Psychanalyse des enfants », en 1957. Son importance vient de la mise en place de la technique du jeu dans les traitements des patients infantiles. Un autre espace important a été la salle XVII du service de pédiatrie de l’Hospital de niños. Lorsqu’en 1956 le docteur Florencio Escardó en est devenu le chef, il a incorporé quelques psychologues de l’APA et plusieurs assistants sociaux afin de constituer l’équipe de sa salle. Cette décision correspondait moins à un besoin propre au domaine psychanalytique qu’à une reformulation dans le champ de la pédiatrie. La Nouvelle Pédiatrie, selon les termes de Florencio Escardó, a adopté une approche psychosomatique entraînant l’ouverture des pédiatres au travail en commun avec d’autres spécialistes, ainsi qu’une modification des mécanismes d’intervention sur les patients. La guérison des enfants dépendrait de leur équilibre psychique et de celui de leurs parents, qui devraient d’ailleurs assister à l’École pour les Parents. Dans cet article nous analyserons cette école qui a fonctionné à l’Hospital de niños de 1957 à 1973, étant reconnue en 1964 comme un service de la Faculté de Médecine. En 1972, son directeur Eva Giberti a été nommée Membre du Conseil d’administration de la Fédération internationale des Écoles pour l’éducation des parents, dont le siège est à Paris.